L'Uscoque (1838) : quand George Sand fait le procès des dynamiques de pouvoir du byronisme

Abstract

La lecture des poèmes de Lord Byron bouleverse profondément Aurore Dupin adolescente. Selon l'autobiographie de la romancière, le romantisme sombre et enfiévré du poète anglais « vint tout aussitôt porter un coup [ ... ] rude à [s]a pauvre cervelle», et dans la première décennie de sa carrière littéraire, Sand tâche de renégocier son influence de manière récurrente. Dans sa première Lélia (1833), elle explore la possibilité d'attribuer la posture fière, sombre et marginale du héros byronien à son héroïne intellectuelle et farouchement indépendante, afin de conférer à sa révolte sexuelle un prestige poétique. Ce roman du mal du siècle au féminin lui vaut l'éloge célèbre de Chateaubriand: « Vous serez le lord Byron de France. » Cependant, la démarche audacieuse de Sand obtient des résultats mitigés en ce qui concerne la représentation de la sexualité, puisque la figure byronienne transposée au féminin est assimilée par la critique à la femme fatale plutôt qu'à la femme supérieure, et condamnée sans appel.