L’enjeu de l’identité face à l’étiquette queer dans « Laurence Anyways » de Xavier Dolan

Abstract

À défaut de références authentiques, le public doit souvent recourir à des représentations médiatiques pour façonner sa conception de l’ « altérité », à savoir ce qui ne fait pas partie de la norme. Mais bien que la médiatisation des groupes hors normes puisse bien donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, une médiatisation unidimensionnelle risque de soulever un problème inverse : de continuer à restreindre ces individus à une catégorie marginale, voire stéréotypée. Avec Laurence Anyways (2012), Xavier Dolan, un cinéaste souvent labellisé « queer », introduit pour la première fois une protagoniste transgenre dans son œuvre. En effectuant son changement de genre, Laurence paraît à première vue quitter la norme pour se plonger dans la marge, tout en concrétisant son statut minoritaire ; toutefois, il s’avère que le récit échappe aux contraintes typiques des films dits queer en donnant à voir un parcours identitaire aux multiples facettes. À travers ce mémoire, nous visons à expliquer en quoi Dolan met en exergue un côté « universel » de cette protagoniste censément marginale, et comment il fait ressortir une identité riche, diverse et achevée dans le cadre d’une intrigue qui traite de la minorité. Malgré le rôle clé que joue le sujet queer dans Laurence Anyways, nous verrons que Dolan réussit néanmoins à construire une identité qui non seulement en dépasse les limites, mais qui permet au public de s’identifier de plusieurs manières à la protagoniste.