Le port de Villefranche-sur-Mer

Abstract

Une fois achevée l’expansion territoriale angevine en Méditerranée, avec l’acquisition de la Provence et la conquête du Royaume du Sud, Charles II d’Anjou en 1295, ordonna dans un vaste plan politique et territorial, la fondation d’un village en Provence orientale, à l’intérieur de la rade d’Olivula, près de Nice, connue par les marins dès l’Antiquité comme l’un des abris naturels les plus sûrs de la Méditerranée occidentale. Cette localisation des habitants sur le rivage constituait pour eux une nouveauté, habitués qu’ils étaient à se réfugier sur les hauteurs des Alpes-maritimes : les fameux nids d’aigle ou villages perchés, plus faciles à défendre. Depuis des siècles en effet, un danger permanent pouvait surgir de la mer: les incursions des Sarrasins, pirates et corsaires, amenaient la terreur et la mort sur toute la côte. Comme on le lit dans l’acte de fondation (Acte de Brignoles, 5 août 1295), la nouvelle installation, intégrée dans le réseau portuaire du royaume de Naples, faisait partie d’un dessein politique bien plus vaste, voulu par le roi lui-même. Elle devait avant tout empêcher la présence permanente dans la rade de ces terribles ennemis, protégés par les rives sauvages et boisées qu’ils avaient transformées en lieu de repli. Le village fut entouré de hautes murailles, protégé par un château qui le surplombait et d’une petite tour de guet érigée sur un rocher aux abords du village et de la côte. Les habitants qui s’y installèrent, descendus de Montolivo perché sur les hauteurs dominant la rade, obtinrent des privilèges et des franchises en compensation des dangers auxquels ils s’exposaient. C’est pourquoi le nouveau village prit le nom de Villafranca. Les fondations des remparts sur la partie côtière s’appuyaient directement sur les rochers, mais l’anse orientée vers l’ouest, protégée par une petite tour (Torretola) construite sur l’Ysoletta constituait un bon lieu d’accostage, aménagé ensuite pour que les galères puissent y aborder. Dans un premier temps, l’escale et la petite plage adjacente furent mises à disposition exclusive du roi et de ses alliés.